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Comme sur une balançoire
5 avril 2012

Veinte años

  us

 

Si la cosas que uno quiere
se pudieran alcanzar
Tu me quisieras lo mismo
Que veinte años atras

 

J'ai parfois l'impression que ces photos de nous datent d'il y a vingt ans, d'il y a une éternité. Je ne reconnais plus ces visages.Depuis combien d etemps n'ai-je pas souri de la sorte? Quand avons nous cessé de nous blottir dans les bras l'un de l'autre?

 

30 avril 2000. Après un concert de salsa, ma cousine, ma soeur et moi discutions avec les musiciens cubains, nous buvions un peu de rhum, ils jouaient de la guitare en chantant "Chan Chan" rien que pour nous. Enfin, surtout pour elles deux. Moi je regardais Antoine Chao démonter son matériel, ranger ses disques. Il avait fait le DJ pour l'after. Il y avait de la musique, mais je ne me souviens plus de ce que c'était. Un drôle de garçon dansait d'une bien drôle de manière, avec un autre énergumène que je connaissais bien.

Le drôle de garçon est venu vers nous. Il parlait espagnol, ça m'a plu ça je m'en souviens. Des rires, quelques regards, un sourire qui reste accroché un peu trop longtemps pour être discret. La soirée terminée, chacun est rentré chez soi. Je ne connaissais ni son nom ni son numéro de téléphone. Quelques semaines et un heureux hasard plus tard, nous nous sommes revus. Puis reperdus de vue.

17 juin 2000. Une fête, de la musique et du rhum (encore). Le drôle de garçon est là (encore). "Tiens, voilà la plus belle" dit-il, je regarde derrière moi mais ma soeur n'est pas là, et c'est toujours elle la plus belle. Mais ce soir là, pour la première fois, c'est moi. Et ça m'a fait rire.

18 juin 2000. Un heure du matin, ou deux heures peut être. Un baiser échangé dans l'obscurité, le coeur qui bat plus vite, sa main dans mes cheveux... C'est donc ça les papillons dans le ventre...

30 avril 2004. 17h15. 53 centimètres. 3 kilos 390 grammes. Quatre ans jour pour jour, après notre toute première rencontre, le drôle de garçon et moi sommes devenus les parents d'un magnifique petit garçon.

Les années passent. La vie de famille recomposée n'est pas si rose. Chacun garde pour soi ses déceptions, ses ressentiments peut être. La distance quotidienne s'installe.

4 avril 2012. Qui est-tu, toi l'homme fatigué, l'homme silencieux, l'homme distant? Où est le drôle de garçon qui me trouvait si belle et me faisait tellement rire?

Qui est-tu, toi la femme épuisée, la femme exigeante, la femme solitaire? Où est la jeune femme qui aimait tant danser et mettre du rouge à lèvres?

Quand nos disputes ont-elles remplacé nos fous rires? Commment le silence a t-il englouti nos je t'aime? Où est passée toute notre légèreté?

Il me semble pourtant qu'hier encore nous parcourions la ville sur ton vélo, chantant "mani, mani mani", riant à gorges déployées, et des gens dans une voiture nous avaient lancé "c'est beau l'amour"!

Oui c'est beau l'amour. Et le notre aussi l'était. Je m'en souviens. Comme si c'était hier.

Je te regarde t'occuper de notre grand garçon, celui qui a fait du drôle de garçon et de "la plus belle", des parents. Aujourd'hui un autre petit garçon est venu agrandir la famille. Nous avons un appartement, une voiture, une grande télé. Tu payes les factures, je lave le linge, tu fais les courses, et moi la cuisine. Je râle quand tu ne ranges pas tes vêtements, tu râles parce que j'ai trop de chaussures. Y'à quoi à la télé ce soir? On mange à quelle heure? Je suis fatiguée bonne nuit. Je suis fatigué, à demain.

Les années passant et le quotidien ont-ils tout dévoré, nous rendant invisibles l'un pour l'autre? Ou bien l'amour est-il ailleurs? Mieux caché, plus subtil, attendant juste qu'on vienne le réveiller?

Ce matin, un rapide coup d'oeil dans le miroir, comme ça en passant, comme tous les matins. Je rebrousse chemin, je m'observe, quelques rides aux coins de mes yeux, quelques cheveux blancs. J'ouvre une petite boite, et je dépose un peu de mon rouge préféré sur mes lèvres.

Ce matin, tu m'as regardée, droit dans les yeux. "Tu es magnifique". Et ça m'a fait sourire.

 

 

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Commentaires
L
Voilà les mots que je cherchais pour parler de "nous", ils sont là, si joliment couchés, si joliment trouvés... merci.
L
de très jolis mots pour raconter l'histoire universelle...
I
Quel très beau texte, qui me touche beaucoup.
B
Un magnifique texte qui m'a fait venir les larmes aux yeux...<br /> <br /> La vie n'est pas simple... tous les jours, c'est un combat, combat pour avancer, sourire, vivre...<br /> <br /> Vivre à deux, trois, quatre... il faut trouver l'équilibre, le bon.<br /> <br /> Le temps passe, on se perd de vue même en étant à côté, on ne voit plus l'autre...<br /> <br /> L'important est que ce ne soit pas tout le temps, et qu'un jour, l'autre nous revoit avec les mêmes yeux qu'au départ.
L
Tu as su très bien décrire cette situation par laquelle nous passons tous à différents moments.<br /> <br /> L'oubli de l'autre , l'oubli de soi, on se laisse emporter par la vie.<br /> <br /> Mais si on fait de la résistance, si on résiste à la rouille...<br /> <br /> Il n'y a pas de plus grand bonheur que de continuer ensemble, pouvant toujours compter l'un sur l'autre, avec tellement de moments forts derrière nous et tant d'autres à venir.<br /> <br /> Grosses mais grosses bises.
Comme sur une balançoire
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